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Rétro 2016: la France, une terre d’asile?

Rétro 2016: la France, une terre d’asile?

mediaLes derniers abris de la «jungle» de Calais ont été détruits lundi 31 octobre 2016. Six mille migrants ont été évacués.REUTERS/Pascal Rossignol
Entre l’ouverture des camps aux normes humanitaires à Grande-Synthe ou Paris et le démantèlement du bidonville de Calais, l'accueil des migrants en France a été l'un des sujets qui a marqué 2016. Retour sur les événements majeurs de cette année.
Ils ont fui l’Afghanistan, la Syrie, l’Ethiopie, le Soudan ou l’Erythrée. Avec leur vie empaquetée dans un sac, des milliers d’hommes, de femmes et d’enfants ont traversé les frontières pour arriver en France, bien souvent dans des camps de fortune.
En 2015, Manuel Valls, alors Premier ministre, assurait que la France accueillerait 30 000 réfugiés sur son territoire à la fin 2017. A mi-parcours, où en est-on de l’accueil des migrants dans l’Hexagone ?
La « jungle » de Calais démantelée
A la fin du mois de septembre 2016, François Hollande annonçait le démantèlement du bidonville de Calais. « Tout sera fait d’ici la fin de l’année », assurait alors le Président de la République.
Un mois plus tard, l’évacuation de l’immense camp de fortune avait effectivement lieu.
A cette époque, près de 7 000 personnes vivaient alors dans ce que beaucoup surnommaient la « jungle » de Calais. Le camp de fortune, installé au printemps 2015, était devenu un véritable bidonville, avec ses artères, ses commerces, ses églises et mosquées, son école, sa violence.
Au printemps 2016, la moitié sud de la « jungle » avait déjà été démantelée. La Belgique avait d’ailleurs craint une arrivée massive de migrants sur son territoire, et entreprit de rétablir provisoirement ses contrôles aux frontières.
10 000 réfugiés hébergés en CAO
Le démantèlement de ce camp a donc vu des hommes, des femmes et des enfants emballer le peu d’affaires qu’ils avaient pour prendre un bus vers un Centre d’Accueil et d’Orientation (CAO). Ces centres d’hébergement provisoire permettent aux personnes de trouver un peu de répit et d’entamer leurs démarches d’asile en France. 10 000 réfugiés y résident actuellement.
L’accueil n’a pourtant pas toujours été au rendez-vous. Des manifestations hostiles à Croisilles, dans le Pas-de-Calais, à l’incendie volontaire d’un centre à Forges-les-Bains, en région parisienne, l’installation des migrants a parfois provoqué des tensions entre les habitants, voire des débordements.
Ouverture de deux camps aux normes humanitaires
Au début de l’année 2016, une autre commune du nord de la France a fait parler d’elle. A Grande-Synthe, près de Dunkerque, 3000 personnes, des Kurdes pour la plupart, ont vécu plusieurs semaines dans un camp de fortune, la tente installée à même la boue.
Face à la situation de ces hommes, femmes et enfants dans ce « camp de la honte », comme l’appelait le maire de Grande-Synthe, la municipalité s’est associée à Médecins sans frontières (MSF) pour établir un camp qui réponde aux normes humanitaires. Après plusieurs semaines de travaux, les migrants ont finalement quitté la boue début mars pour rejoindre le site.
Une seconde ville française s’est inspirée de ce premier camp humanitaire de France : Paris. D’abord annoncée pour la rentrée, l’ouverture du centre a été repoussée au mois de novembre, au lendemain de la plus importante opération d’évacuation d’un camp de fortune dans les rues de la capitale, à Stalingrad, où vivaient près de 4 000 personnes.
Vers la fin des camps sauvages ?
Le centre humanitaire de Paris-Nord est un lieu de transit et permet d’accueillir les réfugiés qui arrivent dans la capitale. Après une moyenne de dix jours passés sur le site, ils sont ensuite transférés vers un CAO.
Un mois et demi après son ouverture, le dispositif atteint déjà ses limites. Le nombre d’arrivées à Paris est en effet supérieur à la capacité du site, qui peut héberger 400 hommes majeurs isolés. Si bien qu’un nouveau camp sauvage a fini par se recréer, à peine un kilomètre au nord du centre d’accueil de Paris, à Saint-Denis. Le campement a finalement été démantelé à la mi-décembre. Plus de 300 personnes ont été sorties de la rue, transférées vers des centres d’hébergement ou des gymnases.
Du côté du centre humanitaire de Paris, l’Etat, la Ville et l’association Emmaüs Solidarité gestionnaire du site, travaillent sur la création de 200 places supplémentaires. Un nouveau camp devrait également voir le jour au sud de Paris, dans la commune d’Ivry-Sur-Seine. Son ouverture est prévue pour le mois de janvier 2017.
Le sort des mineurs isolés reste en suspens
Qu’ils soient arrivés à Paris, Calais ou Grande-Synthe, la majeure partie de ces hommes et ces femmes n’avaient pas pour ambition de rester en France. Ils souhaitaient traverser la Manche pour se rendre au Royaume-Uni. Si la plupart ont accepté de revoir leur projet migratoire après le démantèlement de la « jungle », certains ont eu l’espoir de passer la frontière. C’est le cas des mineurs isolés.
Après l’évacuation du bidonville de Calais, 2 200 enfants et adolescents attendaient ainsi de savoir si le Royaume-Uni accepterait de les prendre en charge. Le 9 décembre dernier pourtant, la Grande-Bretagne a fait savoir qu’elle n’accueillerait que 750 jeunes, laissant à la France la gestion des 1 500 mineurs isolés laissés sur le carreau. Inquiètes pour leur sort, des associations réclament au gouvernement français la protection de ces enfants, et redoutent l’installation de nouveaux camps sauvages dans la région de Calais.

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