La «Trump Connection», de New York à la Silicon Valley
Donald
Trump, entouré de son vice-président Mike Pence (à g.) et de Peter
Thiel (à d.) a reçu, le 14 décembre à la Trump Tower, les géants de
l'industrie numérique américaine : à gauche Sheryl Sandberg (Facebook), à
droite Tim Cook (Apple)REUTERS/Shannon Stapleton
Pendant
sa campagne, le candidat Donald Trump entretenait des relations
difficiles avec les géants de la Silicon Valley. Aujourd’hui élu, le
milliardaire a sorti le drapeau blanc et invite à la table des
discussions les dirigeants des grandes entreprises américaines du
numérique – certains ont même intégré ses équipes. Mariage de raison
(économique), ou rapprochement stratégique et réfléchi ? Rien de certain
entre le fantasque Donald Trump et la secrète Silicon Valley.
La victoire de Trump serait « un désastre pour l’innovation ». Dans une lettre ouverte [en
anglais] de juillet 2016, 145 acteurs du secteur américain des
nouvelles technologies donnent le ton. Eux qui défendent un pays « ouvert, qui encourage la créativité » s’affichent publiquement contre la campagne « de haine […], de peur » de Donald Trump. Parmi eux, des responsables de Twitter, de Facebook, ou encore d’Apple, qui se prononcent en leur nom propre.La Silicon Valley, havre californien des entreprises en pointe dans le domaine des nouvelles technologies, s’est massivement rangée derrière Hillary Clinton pendant la campagne de l’élection présidentielle. Selon le Center for responsive politics, les salariés de la Silicon Valley ont donné 60 fois plus à la démocrate qu’au républicain — trois millions de dollars américains pour la première, contre 50 000 $ pour le second.
Doléances et desiderata
Après l’élection à la Maison Blanche de Donald Trump le 8 novembre, les entrepreneurs des nouvelles technologies, un peu inquiets, mettent de l’eau dans leur vin. Le 14 novembre, l’Internet Association, qui regroupe les géants du secteur, écrit une lettre [en anglais] au futur président des Etats-Unis. Plus de reproches ou de grandes idées, place au pragmatisme. Facebook, Google, Twitter, Amazon et consort présentent leurs doléances à Donald Trump : faciliter l’immigration pour permettre d’attirer les « cerveaux » de l’étranger, faire tomber les barrières économiques entre les pays, notamment avec l’Europe, pour faciliter les échanges, préserver la neutralité du net… A première vue, tout le contraire du programme protectionniste du candidat républicain.
Quinze jours plus tard, le 29 novembre, nouveau courrier [en anglais] adressé au président élu. La missive est cosignée par 17 associations regroupant des entrepreneurs de tous les domaines de l’industrie numérique (parmi lesquels l’Internet Association). Fabricants des composants d’ordinateurs, concepteurs de logiciels, et autres géants d’internet rappellent la vitalité de leur secteur : mille milliards de contribution à l’économie américaine et près de 6 millions d’emplois directs, à en croire la lettre en question. Et là encore, les signataires ont des demandes : développer les infrastructures technologiques, définir un système fiscal « qui motive l’investissement et la création d’emploi »…
Dernier point de la lettre de ce cartel de l’industrie numérique : « avec plus de gens au gouvernement partageant [notre] vision des choses, nous pouvons réaliser de réels progrès dans [de nombreux] domaines ». Peut-être en vue de l’aider à composer l’équipe qui l’entourera pendant son mandat, les signataires concluent en proposant à Donald Trump de le rencontrer.
Réunion au sommet
De gauche à droite : Jeff Bezos (Amazon), Larry Page (Alphabet/Google), Sheryl Sandberg (Facebook)REUTERS/Shannon Stapleton
En face, ils sont une dizaine à parler (ou écouter) au nom de 11 entreprises américaines des nouvelles technologies. Capitalisation boursière cumulée : 2500 milliards de dollars. Les représentants des GAFA (Google, Apple, Facebook, Amazon) sont au rendez-vous, tout comme ceux de Microsoft, Cisco, Intel… « Ils étaient curieux. Même si certains se sont opposés à lui pendant la campagne, ils voulaient entendre ce que Donald Trump avait à dire, voir ce qu’il avait dans le crâne », estime Phil Jeudy, spécialiste de la Silicon Valley.
Les responsables de Twitter n’ont pas été invités : l’entreprise est « trop petite » selon l’équipe de Trump, même si les observateurs estiment plutôt que la marque à l’oiseau bleu paye pour ses différends avec le candidat républicain pendant la course à la Maison Blanche.
Presque rien n’a filtré de cette réunion. Des invités, seuls un porte-parole de Cisco et Jeff Bezos, le patron d’Amazon, ont laconiquement évoqué une « rencontre productive ». Fidèle à la proposition qu’il avait faite sur Twitter pendant la campagne – envoyer Trump faire un tour dans l’espace –, Jeff Bezos a profité de la réunion pour offrir au président élu un ticket pour Blue Origin, son programme de voyage spatial. Si les sujets de l’emploi ou de l’immigration ont été abordés selon les équipes de Trump, d’autres sources confirment que la réunion visait surtout à apaiser les tensions nées pendant la campagne.
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