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Violences en RDC: les évêques lancent un ultimatum pour un accord avant Noël

Violences en RDC: les évêques lancent un ultimatum pour un accord avant Noël

Les évêques de la Conférence épiscopale nationale du Congo (Cenco) Marcel Utembi et Fridolin Ambongo, lors de la reprise de la médiation entre l'opposition et le gouvernement en place, le 21 décembre 2016.
© REUTERS/Thomas Mukoya

En RDC, c'est dans un contexte tendu que les discussions ont repris sous l'égide de l'Eglise catholique entre majorité et opposition à Kinshasa. L'objectif des évêques congolais est donc de sortir de l'impasse et d’éviter de nouvelles violences. Les négociations ont commencé ce mercredi après-midi avec un ultimatum lancé par les évêques.

Les évêques qui assurent la médiation des négociations veulent trouver un accord avant Noël. Et si aucun compromis ne se dégage d'ici là, ce sera la preuve d'un manque de volonté politique, affirme sur RFI l'un de ces évêques. Le temps imparti est donc très court : un peu plus de deux jours. Et la marge de manœuvre est très restreinte, tant les blocages étaient encore nombreux, samedi 17 décembre, lorsque ces discussions ont été suspendues.
Les représentants du pouvoir et de l'opposition doivent encore répondre à plusieurs questions clés : sur le statut du chef de l’Etat après le 19 décembre, comment et qui pour gouverner les institutions pendant cette période de tansition, la date et la séquence des élections...
Pour cela, les évêques ont choisi de réduire un peu plus encore le nombre de participants aux discussions, avec 16 représentants des deux camps au lieu des 32 de la semaine dernière.
Les évêques demandent une enquête indépendantes sur les violences
D’entrée de jeu, Mgr Marcel Utendi a exprimé la peine de la Cenco au sujet des événements liés à la fin du second et dernier mandat constitutionnel de Joseph Kabila. Selon les informations en possession des évêques, le président de la Cenco a parlé de quelques dizaines de morts à Kinshasa et à l’intérieur du pays.
L’évêque de Kisangani a alors haussé le ton. « Trop c'est trop, comme n'ont cessé de le répéter haut et fort les évêques, vos pères spirituels. Une solution doit être trouvée le plus tôt possible par les acteurs possibles en général, mais surtout par les gouvernants afin de rassurer le peuple congolais », a-t-il déclaré.
La Cenco exige une enquête indépendante pour identifier les auteurs de ces crimes qui, selon Mgr Marcel Utendi, devront répondre de leurs actes.
Des bilans divergents
Des négociations qui ont démarré à huis clos et dans un contexte toujours très tendu. A Kinshasa, militaires et policiers étaient toujours largement déployés dans une capitale globalement revenue au calme, mises à part quelques tensions dans certains quartiers contestataires où quelques coups de feu ont été entendus. Des interpellations ont ainsi eu lieu, notamment à Matete et à Lemba, mais la vie reprend son cours dans la capitale congolaise.
L’heure est donc aux bilans. Pour le gouvernement, il n’y a eu que neuf morts à Kinshasa, dont un policier et six pillards qui n’auraient pas été tués par les forces de sécurité, mais par des vigiles au cours de pillages. Le bureau conjoint des Nations unies aux droits de l’homme parle quant à lui d’au moins 19 morts, tués pour l’essentiel par balles, et de 45 blessés sur tout le pays. Dans son dernier communiqué, le ministre de la Communication Lambert Mende parle de campagne de dénigrement, d’informations livrées sans identité et sans preuve. L’ONU dénonce pour sa part le manque de coopération et des restrictions d’accès aux cachots.
La police nationale annonce également un chiffre de neuf morts pour Kinshasa, dont un policier lynché par la population et six tués par des balles perdues dans les affrontements. Huit sous-commissariats de police ont été pillés, et une trentaine de bus du gouvernement vandalisés, indique-t-elle. Dans le reste du pays, la police donne huit morts dont quatre par balles perdues à Lubumbashi, sans compter de nombreux dégâts, trois à Matadi, deux à Boma lors de pillages, pour un total de 22 morts. Deux cent soixante-quinze personnes ont par ailleurs été arrêtées dans tout le pays, révèle le porte-parole de la police. Sur ces 275, 116 seulement ont été transférés au parquet, les autres sont toujours sous interrogatoire.
Human Rights Watch a quant à elle revu son bilan à la hausse, le plus élevé de tous. Selon l’ONG, 29 personnes ont été tuées, pour l’essentiel par les forces de sécurité.
Au cours d'une conférence de presse mercredi, le porte-parole de la police a assuré que le calme était globalement revenu sur l'ensemble du territoire, il a expliqué que le dispositif sécuritaire en place allait être maintenu jusqu'à la fin de l'année et s'est félicité du professionnalisme des forces de sécurité.

Avec la psychose qui a régné avant le 19, vous pensiez qu'il y aurait une centaine de morts ! C'est là que vous devez reconnaître le professionnalisme de la police !
Colonel Mwanamputu
22-12-2016 - Par Sonia Rolley
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De nouveaux affrontements à Lubumbashi
Si la journée a été plutôt calme à Kinshasa, il n’en a pas été de même à Lubumbashi où de nouveaux affrontements ont eu lieu ce mercredi. Au total entre hier et aujourd'hui, une source indépendante dit avoir recensé au moins 47 blessés par balle et 10 morts. Ce soir, en centre-ville, la situation est calme. Mais dans le quartier de la Katuba, au sud-ouest de la ville, la situation reste préoccupante.
Malgré le mot d'ordre lancé aujourd'hui par les représentants de l'opposition à Lubumbashi appelant leurs partisans à ne pas essayer de manifester pour donner sa chance au dialogue, la commune de la Katuba s’est de nouveau embrasée après une matinée relativement calme. Des témoins évoquent des perquisitions brutales menées par la police, l'armée, et des éléments de la garde républicaine. Des pneus ont à nouveau brûlé. Les balles ont crépité. Au téléphone, un habitant raconte que sous ses yeux impuissants, son petit frère a été tué. D'autres évoquent des interpellations de jeunes, sans confirmation officielle pour le moment.
Vers 16h, des habitants ont constaté une accalmie. Plus tôt dans la matinée, selon la société civile, des autorités provinciales, entourées de jeunes partisans, ont tenté de se rendre à pied vers la zone de Matshipisha, épicentre des violences de la veille. Présentée par certains comme un geste d'apaisement, la démarche a été perçue par d'autres comme un acte de provocation, ce qui a fait monter la tension. Selon la société civile, les autorités ont alors rebroussé chemin.

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