Le dollar fort, le nouveau problème de l’économie mondiale
Getty Images/Spencer Platt
Depuis l'élection de Donald Trump, le dollar remonte à vive allure. C'est a priori une bonne nouvelle pour l'Amérique, mais pas pour le reste du monde.
Parce que le dollar est la devise la plus échangée au monde, la plus prisée pour les transactions commerciales ou financières, chaque fois qu’il s’apprécie, les autres monnaies plongent. Le yen japonais, la roupie indienne, le yuan chinois -pourtant à l’abri des turbulences du marché des changes- font partie des grands perdants de la récente embellie du billet vert. En un mois, le dollar vient de connaitre l’une des plus fortes hausses de son histoire.
Les promesses de Donald Trump, des baisses d’impôts, un plan de relance, la remontée des taux d’intérêt, aimantent les investisseurs à la recherche de la rentabilité maximale. Et ce n’est pas terminé, le discours flamboyant de Donald Trump va durablement aspirer les capitaux vers les États-Unis. L’euro est presque en train de s’échanger à parité avec le dollar et il reculera tant que le dollar poursuivra son ascension.
Quelles sont les conséquences immédiates en dehors des États-Unis ?
Le retour de bâton est extrêmement violent dans les pays émergents où les entreprises se sont beaucoup endettées en dollar, parce qu’il était bon marché, parce que les taux américains étaient plus intéressants que ceux du marché domestique ; c’est le cas du Brésil, du Chili ou de la Turquie. La remontée brutale du billet vert va rendre les remboursements beaucoup plus coûteux.
Une chute générale du prix des actifs est aussi à redouter dans ces pays où les capitaux se dérobent. Car l’injection massive de dollars avait fait grimper artificiellement la demande et donc le prix des biens. Maintenant que les capitaux se retirent, les prix vont se replier ; ceux qui ont emprunté pour faire des acquisitions à prix d’or vont devoir rembourser bien plus que ce qu’ils ne possèdent in fine. De quoi alimenter des faillites et bloquer le marché local du crédit. La hausse du dollar pourrait bien casser la croissance de ces pays émergents.
En France on a tendance à penser qu’un euro faible est favorable aux exportations
La monnaie de la pièce c’est la facture des importations qui augmente ; et quand on a une balance commerciale déficitaire, ce qui est le cas de la France, l’impact pourrait être globalement négatif. Le dollar s’est aussi renforcé parce que les taux d’intérêts américains ont fortement augmenté, notamment sur le marché de la dette souveraine.
Or tôt ou tard, la hausse des taux aux États-Unis finit toujours par se propager dans la zone euro. Cette hausse va fragiliser un peu plus les États européens les plus endettés et déjà piégés par une croissance anémique.
Les États-Unis vont-ils bénéficier de la robustesse de leur monnaie ?
Dans l’immédiat, oui, la hausse du dollar est bonne pour l’Amérique, la bourse d’ailleurs est euphorique. Mais à moyen terme le dollar fort joue contre les exportations américaines car il va aggraver le déficit commercial américain.
Donald Trump qui cherche à rendre l’industrie américaine plus compétitive devra donc agir plutôt deux fois qu’une pour parvenir à ses objectifs. S’il utilise son arme préférée, le protectionnisme, tous ceux qui font du commerce avec les États-Unis vont en pâtir. Le dollar fort est la monnaie des Américains, mais bien le problème du monde entier.
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