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Attaque du Thalys: les révélations du jihadiste Ayoub el-Khazzani

Attaque du Thalys: les révélations du jihadiste Ayoub el-Khazzani

mediaLes policiers français maintiennent au sol le suspect, Ayoub el-Khazzani, en garde d'Arras (Pas-de-Calais), le 21 août 2015.REUTERS/Christina Cathleen Coons
Ayoub el-Khazzani, l'auteur de l'attentat déjoué du Thalys le 21 août 2015, est sorti de son silence. Lors d’une audition rapportée par le journal Le Monde, il nie avoir voulu commettre un meurtre de masse, mais confirme avoir gagné l'Europe avec Abdelhamid Abaaoud, l'instigateur des attentats de Paris et de Bruxelles.
C’est une note des renseignements hongrois transmise à la justice française début novembre 2016 par le Centre d'Analyse du Terrorisme (CAT) qui a mis les enquêteurs sur la voie. Joint par téléphone, Jean-Charles Brisard, le directeur du CAT, explique que les services hongrois, en recoupant les dates d'entrée et de sortie sur leur territoire, sont arrivés à une conclusion : Ayoub el-Khazzani, l'auteur de la tentative d'attentat du Thalys, était accompagné d'un certain Abou Omar lors de son entrée en Europe début août 2015.
Or, Abou Omar n’est autre que le pseudonyme d’Abdelhamid Abaaoud, l'homme qui mettra sur pied les attentats de Paris et de Bruxelles quelques mois plus tard. Autrement dit, l'attentat du Thalys, évité de justesse par des militaires américains en permission, était prémédité et préparé par la même personne : Abdelhamid Abaaoud.
Ayoub el-Khazzani s’explique
Alors qu'il se murait dans son silence lors de ses quatre premières auditions, le marocain de 27 ans s’est décidé à parler, le 14 décembre dernier. Devant le juge, il a dit vouloir donner « une image de (lui) qui (lui) correspond (…) celle d'un vrai jihadiste qui ne massacre pas les femmes et les enfants ». Ayoub el-Khazzani confirme par ailleurs les informations des renseignements hongrois et livre de nouveaux détails.
Le jihadiste revient notamment sur la naissance du projet de l'attentat déjoué du Thalys. Une attaque qui prend ses racines en mai 2015 en Syrie (soit quatre mois avant la tentative d’attentat), lorsqu’Ayoub el-Khazzani, à peine arrivé dans le pays, tombe sur une mosquée qui vient d'être bombardée : « Le frère syrien qui nous encadrait m'a dit que c'étaient les Américains qui avaient bombardé (…) Ça m'a détruit de l'intérieur » dit-il au juge.
Alors qu’il avait rejoint la Syrie pour « lutter contre les massacres faits par les chiites », on lui aurait fait comprendre qu'il serait plus utile en Europe. Un homme encagoulé entre en contact avec lui quelques heures après l’épisode de la mosquée bombardée : « Il m’a dit que le mieux était d’aller les combattre (les Américains) sur leur propre territoire ». Six jours après être entré en Syrie, Ayoub el-Khazzani prend donc la direction de l’espace de libre circulation européen : l’espace Schengen.
Avec le flux de migrants
Après avoir essayé deux fois, sans succès, de prendre l'avion en Turquie pour se rendre à Bruxelles, Ayoub el-Khazzani est rejoint par Abdelhamid Abaaoud, alias Abou Omar. Ensemble, les deux hommes gagnent la Hongrie en suivant le flux des migrants, alors qu'un éclaireur ouvre la voie devant eux. Un dénommé Hamza, identifié comme étant Bilal Chatra, un Algérien de 20 ans interpellé en juillet dernier en Allemagne.
Ayoub el-Khazzani et Abdelhamid Abaaoud se séparent alors à Budapest, la capitale hongroise, le 4 août 2015, avant de se retrouver à Bruxelles, la capitale belge, quelques jours plus tard. Une version des faits qui confirme par ailleurs l’information selon laquelle Abdelhamid Abaaoud était déjà au cœur de l’Europe quand les services de renseignement le pensaient encore en Syrie.
L’appartement de Bruxelles
A Bruxelles, les deux hommes se terrent dans un appartement. Ayoub el-Khazzani déclare au juge en parlant d’Abdelhamid Abaaoud : « Il m’a dit qu’il allait tout préparer et que je ne devais pas m’en soucier, que je n’aurais qu’à agir ». Le Marocain confie également qu’il ne savait pas si Abou Omar (Abdelhamid Abaaoud) lui faisait confiance, tant ce dernier restait discret sur ses activités et la mission qu’il lui donnerait à accomplir.
Quelques jours avant de passer à l'acte, des armes sont livrées à l'appartement par un complice non identifié. C'est à ce moment-là qu'Abdelhamid Abaaoud lui aurait expliqué le déroulé de l’attaque : « dans le Thalys de 17 heures, il y aura entre trois et cinq militaires américains ».
Des éléments étranges
Les enquêteurs restent néanmoins circonspects sur plusieurs points. Notamment sur l'argument donné par Ayoub el-Khazzani qui nie avoir voulu commettre un meurtre de masse pour se concentrer uniquement sur des Américains. Un raisonnement qui ne colle pas vraiment avec l'arsenal disproportionné retrouvé sur le jeune marocain dans le Thalys : un pistolet, une Kalachnikov et 8 chargeurs.
Autre interrogation des enquêteurs : comment Abdelhamid Abaaoud, l’instigateur de l’attaque déjouée du Thalys, a-t-il pu savoir que des militaires américains seraient présents ce jour-là à bord du train à grande vitesse ? Pour faire la lumière sur ces questions, Ayoub el-Khazzani devrait être de nouveau entendu par la Justice dans les jours qui viennent.

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