Kouriles: le Japon «regrette» que la Russie déploie ses défenses antimissiles
Le président russe Vladimir Poutine, en compagnie du Premier ministre japonais Shinzo Abe, en septembre dernier à Vladivostok.ALEXEI DRUZHININ / SPUTNIK / AFP
« Regrettable », voilà ce que pense le Premier ministre japonais, qui s'est exprimé ce vendredi 25 novembre 2016, du déploiement d’un système de défense antimissile russe sur les îles Kouriles, dont les plus méridionales sont revendiquées par Tokyo. Shinzo Abe est d’autant plus déçu que le président russe vient bientôt au Japon, une première depuis 11 ans. Il comptait profiter de cette visite pour avancer sur le contentieux, qui empoisonne les relations bilatérales depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale.
Kounachir, Itouroup, Chikotan et îles Habomai. Les îles Kouriles méridionales. « Les quatre îles sont le territoire intrinsèque de notre pays », a déclaré Shinzo Abe ce vendredi à Tokyo devant la Chambre haute du Parlement japonais. « Nous avons fait part, via des voies diplomatiques, du fait que ceci (...) n'est pas compatible avec la position de notre pays », ajoute le chef du gouvernement au sujet du dernier développement de la stratégie russe dans l'archipel.
Le Premier ministre japonais donne donc de la voix au sujet des Kouriles méridionales, et ce à trois semaines à peine de la visite de Vladimir Poutine au Japon. Un changement de ton net, alors que depuis des mois, M. Abe prône une « nouvelle approche » avec la Russie dans ce conflit territorial, multipliant les gestes vers Moscou. En ce moment, Shinzo Abe est par exemple l'un des seuls membres du G7 à se rendre en Russie, qui a été exclue du groupe.
Les îles Kouriles et les frontières fixées par les différents traités russo-japonais. Au sud-ouest, entre les frontières de 1855 et de 1945, les Kouriles méridionales.Wikimedia Commons / Domaine public
Voilà des dizaines d’années que les Japonais revendiquent les Kouriles méridionales, qui délimitent la mer d'Okhotsk et l'océan Pacifique, juste au-dessus de la grande île nipponne d'Hokkaidō. Leurs « territoires du Nord », comme ils disent, ont été envahis par l’URSS à la fin de la Seconde Guerre mondiale.
Cette situation empêche toujours Tokyo et Moscou - qui se querellent en fait au sujet des Kouriles depuis le XIXe siècle - de signer un traité de paix. Une situation « anormale » pour Shinzo Abe, entre deux pays qui entretiennent pourtant des relations depuis des siècles. Il y a deux mois, le chef du gouvernement japonais appelait encore Vladimir Poutine à « ouvrir une nouvelle époque » dans les relations bilatérales.
Tokyo table sur les besoins d’une Russie affaiblie par la baisse du prix du pétrole et les sanctions occidentales. Un accord de paix permettrait selon les autorités japonaises d’augmenter les investissements en Russie. Ce doit être l'un des thèmes centraux de la visite de Vladimir Poutine à la mi-décembre. Mais l’installation de ce système antimissile russe est une douche froide pour M. Abe.
Le Premier ministre japonais qui doit recevoir le 15 décembre le président russe dans sa ville natale de Nagatao, dans le sud du Japon. Bien loin des îles Kouriles. Mercredi, le Kremlin a cherché à rassurer le Japon, promettant que l'installation d'un système de défense antimissile dans l'archipel, annoncé mardi par les médias russes, ne devait pas entraver les efforts pour parvenir à un accord de paix.
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