Regina Keji, 54 ans, réfugiée sud-soudanaise en Ouganda.© HCR/Will Swanson
En Ouganda, le programme alimentaire mondial soutient 650 000 réfugiés. 10% d’entre eux ont choisi de recevoir leur aide sous forme d'argent liquide plutôt que de ration alimentaire. Couplé à la terre cultivable donnée aux réfugiés par le gouvernement ougandais, une étude récente montre que ce système est plus efficace que la distribution traditionnelle de nourriture. 1$ donné aux réfugiés par le PAM rapporte à l’économie locale 1.50$. C’est aussi un système moins couteux pour l’organisation qui fait 20% d'économies.
Un petit camion bleu de la Postbank est planté au milieu de la brousse. Sur une table en plastique des réfugiés signent des papiers. Ce sont essentiellement des femmes, traditionnellement responsables du foyer, elles sont venues ouvrir un compte pour que le PAM, le Programme alimentaire mondiale, leur donne de l’argent plutôt que des rations alimentaires classiques. Cette femme explique ce qui l’a décidée : « Je souhaite recevoir de l’argent car la somme fournie est supérieure à la valeur de la nourriture distribuée. Lorsqu’on m’aura donné le liquide j’irai au marché acheter ce qu’il me faut pour manger. Cela va aider ma famille aussi en cas de maladie par exemple. En plus on nous donne toujours du sorgho, du sorgho, grâce à l’argent je pourrai acheter d’autres choses, surement des haricots et aussi du riz.»
Investir
Frileuses au départ, les autorités craignaient un mauvais usage de cet argent liquide. Mais le PAM a pu quantifier qu’environ 80% était investi par les réfugiés dans l’alimentation et les 20% restants dans l’éducation et la santé. De plus, ce système de distribution est strictement encadré.
« Nous avons ce que nous appelons les points finaux de distribution, explique Gloria du PAM. La camionnette de la Postbank se déplace dans tous les points finaux pour distribuer la monnaie à ceux qui ont été acceptés dans le programme. Cela dépend ensuite de leur catégorie. Pour les individus extrêmement vulnérables, nous donnons 10.50$, pour les nouveaux arrivants nous donnons 8$ et pour les autres nous donnons 4.50$. »
Un système fragile
Si le système a fait ses preuves, les bénéficiaires font aujourd’hui face à deux problèmes. L’explosion du nombre de réfugiés a obligé le PAM à réduire ses rations et l’argent distribués. D’autre part, ceux qui cultivent leur terre comme Mary doivent affronter des conditions climatiques difficiles.
« Cette année j’ai essayé de faire pousser du sésame. Mais quand je vais au champ et que je vois à quoi les cultures ressemblent, j’en perdrais presque le sommeil. Je pensais que la pluie viendrait mais non. »
Malgré cet automne difficile, les réfugiés ne souhaitent pourtant pas revenir au système de rations alimentaires classiques.
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